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 MDR LA MORT

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Eli' du swag
Fragile
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Eli' du swag


Messages : 23
Date d'inscription : 27/10/2015

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MessageSujet: MDR LA MORT    MDR LA MORT  EmptyJeu 25 Aoû - 5:39


« La vie est dure et à la fin, on meurt. » - Un sage



Je suis en train de mourir. Grosse ambiance oui, je sais. Mais bon, ce genre de chose finit toujours par arriver, vous savez - enfin, sauf pour ces petits bâtards d'immortels, j'entends. C'est triste, mais c'est comme ça. Il faut s'y faire.
Moi, ça fait des années que j'attends ça. Presque soixante ans, pour tout vous dire. C'est pas rien. Faut dire que j'ai pas fait grand-chose pour accélérer les choses, hein. J'étais pas pressée non plus. J'ai attendu passivement, en buvant de la bière et en fumant des joints le cul sur mon canapé. On a fait pire, comme agonie.
Il y a quelques mois, j'ai eu soixante-dix-huit ans. C'est un bon âge pour mourir, je présume. J'aurais pu grappiller quelques années supplémentaires sans doute, en allant voir un toubib ou en mangeant plus de vitamines. Ça fait un moment maintenant que je traîne avec moi une vieille toux dégueulasse, et vu que le premier pécore venu est capable de maîtriser la magie blanche, ça aurait pas été bien difficile à soigner. Mais, pour tout vous dire, je suis fatiguée.
C'est long, quatre-vingt piges, mine de rien. Surtout que j'ai quand même passé la majeure partie de ma vie dans une cabane moisie, entourée par pas grand-chose, et seule. Enfin, seule... Il y a Charlie. C'est déjà ça, même si c'est rien d'autre qu'un gros cheval avec une corne sur la tête. J'avais d'autres amis, avant, mais il est le seul qui reste après toute ses années. C'est facile de perdre contact avec les gens, quand on vit dans un trou paumé au milieu de quinze hectares de forêt. J'ai écrit quelques lettres, reçu quelques visites, et puis avec le temps les liens ont fini par s'effilocher. C'est ça qu'il fait, le temps. C'est son boulot. Il paraît qu'il est censé guérir les blessures, aussi, mais pour ça j'attends encore de voir. A priori, je n'ai plus très longtemps à attendre.


Bordel, c'est dingue ce que c'est désagréable, de crever. J'ai mal dans la poitrine, et aussi un peu dans le reste du corps. Je sens la vie me glisser lentement entre les doigts, et je ne tente pas de la retenir. Plus vite ce sera fini, plus le temps que je passe à faire cette putain d'introspection pré-mortem sera réduit. J'étais supposée mourir dans mon sommeil, je crois ; ça aurait été drôlement plus confortable. Je sais pas pourquoi je me suis réveillée. J'aurais pu m'éteindre paisiblement, au calme, en rêvant de mon premier amour ou de je ne sais quelle merde. Mais j'ai ouvert les yeux, et pour allez savoir quelle raison à la con je me suis dit que ce serait une bonne idée de faire mentalement le bilan de ma vie. Autant vous dire que c'est pas glorieux.


Il est tôt, il fera bientôt jour. J'espère bien crever avant le matin, pour que Charlie ne me voit pas comme ça. Il serait triste. Il sera tout aussi triste de me voir morte, j'imagine, mais au moins il saura quoi faire. Creuser un trou, c'est moins difficile qu'accompagner les derniers instants de sa meilleure pote.
Les battements de mon cœur s'accélèrent et pendant une seconde, j'ai la sensation que l'aether de la mort a enfin daigné bouger son gros cul pour s'occuper de mon cas.
Mais non, en fait. Je pète toujours pas la forme, mais je meurs pas. Bordel de cul.


Je soupire. Dans ma tête, les souvenirs se bousculent. Des souvenirs d'avant mes vingt ans, principalement, puisque c'est après ça que j'ai décidé de me retirer du monde civilisé et de devenir une putain d'ermite. Du coup, il m'est pas trop arrivé de trucs de dingue pendant que je végétais dans ma forêt. Mais, avant ça...
Je pense à mon gosse, un peu. Je me demande ce qu'il est devenu. Je me demande, aussi, si j'ai bien fait de l'avoir laissé. Peut-être qu'il est mort, depuis. Je ne l'ai pas revu. Pas une seule fois. Maintenant, c'est un peu trop tard. J'espère qu'il s'en est bien sorti, sans moi. Que je ne lui ai pas trop manqué. Je l'espère sincèrement ; parce que, à moi, il m'a manqué. J'ai mis trop de temps à m'en rendre compte, mais j'aurais aimé essayer, au moins. J'aurais sans doute pas trop réussi, mais c'est aussi ça d'être parent. On rate un peu, mais au fond des années après on se rend compte qu'à bien y réfléchir c'était pas si foiré que ça. Enfin, ça dépend des fois. Mais qui ne tente rien n'a rien, hein ? Eh ben, moi, j'ai rien tenté. Et maintenant, je regrette de ne rien avoir eu.
Ouais, finalement, j'imagine que c'est un peu à ça que se résume ma vie. J'ai toujours fui, évité les trucs qui auraient pu me compliquer trop la vie, comme les enfants, les relations sociales et les animaux de compagnie. Et maintenant je vais crever toute seule, avec seulement mes regrets pour me tenir la main. Bien joué, Elisha.


Péniblement, je me redresse. Je pose un pied par terre, puis l'autre, et finalement je me lève. C'est dur : mes muscles me font mal, mes os aussi. Je suis vieille, putain. Mais je m'acharne. Je fais quelques pas, et je vais coller mon nez à la fenêtre de ma chambre. C'est le dernier lever de soleil de toute ma vie, alors autant que j'en profite. C'est joli, un lever de soleil. J'ai jamais vraiment su apprécier les jolies choses. Il était temps que je m'y mette.
Les premiers rayons illuminent le ciel, et je pense à Ercan. Il y a des années que je n'ai pas vraiment pensé à lui. Lorsque par hasard son souvenir traversait mon esprit, je ne prenais pas le temps de m'y attarder. Aujourd'hui, je laisse ma mémoire faire. Je mets toute l'énergie qu'il me reste à me rappeler, à me remémorer chaque détail. Avec soin, je passe en revue le moindre souvenir. Ça ne me prend pas bien longtemps. En définitive, notre relation ne se résumait pas à grand-chose. Et pourtant, je l'ai aimé. Plus qu'à peu près n'importe qui d'autre. Sans doute même que je l'aime encore, soixante ans plus tard. Même si j'ai jamais trouvé le courage de partir le retrouver pour recoller les pots cassés. Des pots que j'avais cassés moi-même, au passage.
Bordel, je devrais arrêter le bilan ici. Je vais quand même pas mourir en chialant, ce serait la honte.


Le soleil apparaît, me brûlant un peu la rétine au passage. Je douille, mais je m'en branle complètement. Je ne suis plus à ça près. Je fixe l'astre à m'en faire cramer les yeux, parce que tant qu'à faire autant mourir aveugle. Il y a peu de chances que mes yeux ridés de petite vieille intéressent quelqu'un maintenant, de toute façon. Quoique c'est pas comme si ils avaient un jour intéressé quelqu'un. Je veux dire, j'ai jamais été le genre de fille à qui on dit « t'as de beaux yeux, tu sais ? ». Moi, on me disait plutôt des trucs du genre : « pardon, je retire ce que j'ai dit, t'es pas une petite naine moche, arrête de frapper ma tête contre le mur maintenant je t'en supplie ». Faut admettre que c'est quand même un peu plus marrant.
Mais eh, faut pas non plus croire que j'étais la morue la plus détestée de toutes les terres du Yin et du Yang. J'avais des potes, quand même. Lucain, Elias, Raeden... Ouais, j'avais trois potes, quoi. C'est déjà pas mal, sérieusement. Même si à l'heure actuelle, je sais même pas s'ils sont encore vivants. Ça fait un bout de temps que j'ai plus l'énergie de donner des nouvelles, ni d'en prendre. Mais ils me manquent, ça c'est sûr. Lucain me manque, surtout. Son sourire, ses cheveux soyeux, ses yeux qui réchauffent l'intérieur de l'âme. J'aurais aimé le revoir au moins une fois, avant de calancher. Mais je me vois mal faire un saut à la citadelle blanche dans mon état, alors tant pis. Ça ne fait qu'un regret de plus à ajouter au tableau, après tout.


Il fait jour à présent, et moi je ne tiens plus debout. D'un pas chancelant, je franchis les trois mètres qui me séparent de mon lit, et je m'affale dessus. Puis, je prends quelques secondes pour m'installer comme il faut. Je veux mourir dignement, pas cul par-dessus tête. Faut pas non plus déconner.
Je ferme les yeux, doucement. Enfin, ils se ferment malgré moi. Cette fois, c'est bon. Ça arrive. J'ai bien pensé à tout le monde, je crois. J'ai oublié personne, ou presque. Je peux crever en paix, ça y est.
J'ai un peu peur, je crois. Maintenant que ça se passe pour de vrai, je flippe, juste un brin. Peut-être que je devrais prier ? Espérer le salut, ou une connerie du genre ? Tout miser sur la réincarnation, peut-être ? Nan, on s'en carre. De toute façon, d'ici quelques minutes, je ne penserais plus du tout. Il faut que je me focalise sur quelque chose de chouette, avant de partir. Que ma vie un peu à chier se termine sur une note positive.
Alors je pense au lever de soleil, au Sanctuaire, à la première fois que j'ai pris la main d'Ercan.
Je souris, et je pleure un peu aussi.
Et puis, je meurs. Il fallait bien que ça arrive.
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