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 Vous n'êtes tous que des flans mous

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Eli' du swag
Fragile
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Eli' du swag


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MessageSujet: Vous n'êtes tous que des flans mous    Vous n'êtes tous que des flans mous  EmptyMar 15 Mar - 1:43

« Salut Lucain,

J'espère que tu vas bien ; moi, ça va. Je sais que j'ai pas vraiment donné de nouvelles, dernièrement. Je sais que je suis un peu partie sans rien dire, et que c'était pas très sympa de ma part. Je suis désolée, d'ailleurs. Je suis une morue.

J'aurais voulu avoir le courage de vous expliquer, à toi, à Elias, à Mérédith et même au gosse, pourquoi je pouvais plus rester. J'aurais bien aimé organiser un pot d'adieu, où on m'aurait offert une carte signée par tous les Protecteurs et un presse-papier en or massif ou une connerie du genre. Mais déjà, si j'avais voulu organiser un pot de départ je pense que mes cadeaux d'adieu auraient plus ressemblé à des coups de pied au cul qu'à des gentils mots dans un livre d'or ; et, ensuite, je ne suis pas douée pour dire au revoir. C'est pas terrible comme excuse, j'sais bien, mais j'en ai pas de meilleure. J'avais pas envie de me mettre à chialer dans tes bras ou ceux de quelqu'un d'autre, ni de devoir expliquer pourquoi j'avais pas d'autre choix. Parce que je savais bien qu'il aurait suffi de pas grand-chose pour me faire changer d'avis, et je voulais pas changer d'avis. Je voulais surtout pas qu'on me fasse changer d'avis.
Tu dois me trouver nulle, Lulu. Moi aussi, je me trouve nulle. J'aurais pu m'en occuper de ce bébé, j'étais bien entourée. Y avait assez de professionnels autour de moi pour que je risque pas de le tuer accidentellement, et puis c'est pas comme si je manquais de quoi que ce soit. J'aurais pas eu de mal à subvenir à ses besoins. Le truc, c'est que... Je suis pas une mère, je crois. Je suis pas faite pour ça. Je crois que même si j'avais essayé de toute mes forces, j'aurais pas réussi. Je sais à quoi ça ressemble, un bon parent. C'est toi avec Thymael, Mérédith avec Zol'ah (avec les enfants du Sanctuaire en général, en fait). Il y a quelque chose de naturel dans cette tendresse que vous avez pour vos gosses, comme si c'était instinctif. Pour moi, ça marche pas. Sans doute qu'il doit me manquer une case, à ce niveau-là.
Je l'ai aimé ce bébé, pourtant, quand je l'ai finalement eu dans mes bras. Au moins un peu. Mais j'ai pas eu de déclic, ni un sursaut d'instinct maternel, ni quoi que ce soit du genre. Et j'me rendais bien compte que l'aimer un peu, c'était pas suffisant pour faire de moi une bonne mère. Et comme je l'aimais, un peu, ben j'avais pas envie d'être une mauvaise mère. J'ai pesé le pour et le contre, et j'ai choisi de pas prendre de risques. Au Sanctuaire, il a certainement moins de chances d'être victime de mauvais traitements que s'il reste avec moi. Je sais que le fieffé optimiste que tu es aurait tenté de me convaincre du contraire, mais crois-moi, je sais ce que je dis. La dernière fois j'ai vu un gamin à moitié bigleux se manger la porte de l'orphelinat en pleine tronche : il m'a fallu trois bonnes minutes pour aller le relever parce j'arrivais pas à m'arrêter de rire. Je suis vraiment pas faite pour la maternité.

Je sais pas exactement pourquoi je te raconte tout ça. J'aimerais bien que tu puisses comprendre, et peut-être aussi que t'arrives à me pardonner. T'es mon meilleur pote, je sais que je suis sacrément gonflée de pas avoir écrit avant, que si ça se trouve t'as pensé que j'étais morte et que du coup tu dois être sacrément en colère contre moi (enfin pas trop quand même, parce que sinon ce serait pêcher). J'attendais juste d'avoir récupéré un peu, je crois, de m'être remise de mes émotions. J'ai pris le temps, mais ça va mieux maintenant. Enfin, disons que je m'habitue. Je pense pas que je reviendrais au Sanctuaire, parce que je suis plutôt une fragile et que je m'en sens pas tellement capable, mais j'aimerais bien te revoir. Je sais que dit comme ça tu pourrais penser que j'essaie de te pécho, mais c'est vraiment pas le cas, je préfère préciser. Ça me fait tout drôle de me dire que j'ai finalement réussi à être assez amie avec quelqu'un pour qu'il en vienne à me manquer, mais c'est visiblement le cas, alors... Ben, si tu veux, t'es invité à me rendre visite. En tout bien tout honneur.

Pour info, j'vis sur le continent des glaces. Enfin, ex-continent des glaces. Il portait vachement bien moins son nom, une fois qu'il y a plus eu de glace dessus. Du coup, j'habite au Nord-Ouest, au 31 rue des Pénis. Non, je rigole. Y a pas de "rue des Pénis". Même si ça aurait vraiment été marrant. En fait, je vis pas vraiment dans une ville. J'suis dans une petite forêt, au Nord-Ouest donc, à une demi-douzaine de bornes d'un village qui s'appelle Kaunas (là c'est pas une blague par contre. C'est du déchu, je sais pas ce que ça veut dire dans leur langue de bougnoules). Si t'arrives jusque là-bas, t'auras qu'à appeler Charlie très fort. Dans ta tête. Il viendra te chercher.

Quoi qu'il en soit, je t'embrasse. Tu me manques, bro'.

Elisha. »



Je mordille un instant le bout de mon porte-plume et le repose, raisonnablement satisfaite. Il m'a fallu deux ou trois jours pour me décider à écrire cette putain de lettre mais ça y est, c'est fait. Je plie la feuille en deux, la glisse dans une enveloppe, et y écris l'adresse du Sanctuaire. J'irais la confier au coursier demain, et Lucain l'aura d'ici une semaine ou deux. C'est complètement con, parce que j'aurais tout à fait pu me téléporter directement au Sanctuaire pour la lui donner. Voire même, me téléporter directement au Sanctuaire pour lui dire ce que j'avais à lui dire. Ouais. Mais ça aurait été un peu trop simple. Et puis, le Sanctuaire et moi, c'est fini. Pour de bon, selon toute vraisemblance. Je m'y ferais.

Je laisse échapper un soupir, et ajoute quelques herbes plus ou moins hallucinogènes au tabac de la pipe que je m'apprête à fumer. Maintenant que j'ai achevé ma lettre, je n'ai plus tellement de raison de continuer à me prendre la tête avec ces conneries. Je n'ai pas envie de penser à ça. Je n'ai pas envie de penser, tout court. Il faut dire que pour le moment, ça me réussit plutôt bien.


Dernière édition par Eli' du swag le Mer 16 Mar - 16:10, édité 1 fois
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Lucain
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MessageSujet: Re: Vous n'êtes tous que des flans mous    Vous n'êtes tous que des flans mous  EmptyMar 15 Mar - 18:26

Le vaste bureau de marbre luit sous la lueur oscillante d'une chandelle à moitié consumée. Depuis l'arche offrant sur la terrasse, la demi lune éclaire la pièce de ses rayons bleu. Le ciel est clair, il n'y a pas de vent.
Le bureau de l'élu des cieux déborde de parchemins. Des rouleaux s'entassent à droite, tandis qu'une pile grossit à gauche. L'encrier se noie dans les feuillets. On entend le grattement de la plume qui griffonne. Lucain, le visage penché, semble pleinement absorbé par sa tâche. De temps à autre, son souffle s'élève, comme pour traduire un soupir. L'espace retrouve ensuite sa quiétude monacale.
L'idole vivante qui s'y trouve est presque immobile. Incarnation de la bonté de ces terres, il semble une statue, taillée par l'artiste afin de traduire au monde l'impression de tout ce qui est juste. Ses ailes immaculées retombent de part et d'autre de sa silhouette à l'aura éthérée, majestueuse autant qu'impressionnantes.
Au plus près des traits du monarque, on distingue toute la beauté de la plus pure des races de ces terres. Les anges : gardien du bien, enfant sans pêché. Nul visage n'émane plus de vertu que celui de l'élu des cieux. Il est le bien, là où l'impératrice démoniaque est le mal. Il est la main tendue dans la nuit, la lumière qui éclaire les ténèbres et protège du désespoir. Il est le pardon et l'humilité, la force et le courage.

« Erza...
Chuchote t'il doucement, pour lui même. Ses traits se froissent peu à peu, comme un papier de soie. On voit ses yeux se fermer doucement, les paupières contractées, les traits plissés. Sa main relâche la plume qu'il tient, avant de serrer le vide des deux poings. Lentement, mèche après mèche, sa chevelure retombe devant son visage, alors qu'il s'affaisse sur le bureau. Un gémissement aiguë s'échappe depuis sa silhouette avachie. On voit son dos s'agiter de soubresauts irréguliers, alors que sa respiration s'agite.
Il se redresse alors, chassant des mains tout ce qui se trouve à portée. Les parchemins volent, comme autant d'oiseaux tout juste relâchés. Les feuillets sont répandus par terre, tandis que les dossiers de cuir vomissent du papier à en couvrir les tapis du bureau. La pile de document oscille, se répandant à son tour, jusqu'à couvrir l’amoncellement. L'ange laisse retomber son corps contre la dalle de marbre, frappant la pierre de ses poings avec un râle d'agonie.
Il supplie le ciel de lui venir en aide, de calmer la peine qui lui perce le cœur, lui noue les entrailles. Mais il n'est personne à prier, quand on incarne déjà la bonté de ces terres. L'homme n'est plus alors un ange. Il est juste un homme pétri de chagrin. Lucain se lève. Maladroit, il manque de tomber en rencontrant un bord de chaise. Cela l'agace. Il peste, rage. La douleur s'ajoute à la douleur. On le voit envoyer la chaise à l'autre bout de la pièce et retourner le bureau. Puis, terrassé par ses propres excès, l'homme tombe à terre, entre les parchemins.
Il roule sur le dos, tâche son plumage dans l'encre du plumier, se frappe le visage des mains, avant de les laisser retomber lourdement. Silence. L'ange semble avoir retrouvé son calme : la vague est passée. Ne reste qu'un cadavre vivant. Les yeux ouvert, il pleure en silence. Ses yeux vides ne fixent rien. Il ne peut que se rendre à l'évidence : Erza est parti. Elle l'a laissé. L'évidence est trop douloureuse. Savoir cela le laisse vide, seul, incapable. Comment pourra t'il continuer à vivre sans elle ? Ils avaient tant de projets : pourquoi l'avoir ainsi abandonné ? Lucain ne sait pas et il ne veut pas savoir. Il est comme mort à l'intérieur. Jamais plus il ne sera heureux. Il ne veut plus jamais être heureux.

C'est alors qu'une lettre s'invite au désordre, franchissant l'arche de la terrasse en même temps qu'un bond du vent.

Dans ses habits de tous les jours, affublé d'une grande cape de laine grise, l'ange contemple l'ancien continent des glaces. Un vent froid du nord ballait l'herbe rase. Les crevasses pierreuses, maintenant à nues, lui rappellent des souvenirs qu'il aurait préféré oublier à jamais. Machinalement, sa main passe sur l'amulette qu'il porte toujours au cou.
La maison d'Elisha est juste la. Juste en face de lui, à quelques dizaines de mètres. Demeure modeste entre les arbres : Lucain n'aurait jamais imaginé retrouver la magicienne dans un tel lieu. Quoique... Les derniers événements lui avaient bien fait comprendre qu'elle cherchait la solitude plus que tout autre chose. Quoi de mieux alors que ce continent encore désolé ? L'ange ne s'étend pas sur la question : son cœur est vide. C'est tout juste s'il est parvenu jusque la. Depuis la veille, ses gestes ne sont que le fruit de la nécessité. Il va et vient comme un automate, sans y prendre goût et sans envie. Ce qui l'a amené jusqu'ici, c'est tout ce qui lui reste de sa loyauté envers son amie... et l'empathie ressentie à la lecture de sa lettre : la capacité à ressentir ce que l'autre ressent. Qui sait, l'échange de deux cœurs en morceau engendrera peut être quelque chose : c'est le dernier espoir qui lui reste.
D'un pas lent, Lucain s'en va fouler le pallier de la petite maison. Il hésite brièvement, se retourne une fois, deux, pour finalement frapper à la porte.
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Eli' du swag
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MessageSujet: Re: Vous n'êtes tous que des flans mous    Vous n'êtes tous que des flans mous  EmptyMar 15 Mar - 21:40

Charlie, la démarche sautillante, s'en allait à travers bois. Lucain venait d'arriver sur le continent, et à présent il avait besoin de lui pour le guider jusqu'à la maison d'Elisha. Rien n'aurait pu lui faire plus plaisir : après tout, ils n'avaient pas tous les jours l'occasion de recevoir un monarque. Charlie se demandait, d'ailleurs, si accueillir l'élu des cieux dans cette petite bicoque que la magicienne semblait avoir construite plus avec ses pieds qu'avec autre chose était très convenable. Quoique il lui avait toujours semblé que, pour un roi, l'ange n'était pas particulièrement à cheval sur les convenances. Et puis, Elisha et lui étaient amis. Cela n'avait rien d'une visite diplomatique – et heureusement, parce qu'il n'avait pas eu le temps de préparer de petits fours. Il n'avait pas non plus prévenu sa maîtresse de la venue de son camarade, d'ailleurs. Elle en aurait la surprise.

Lorsqu'il rejoignit Lucain, cependant, l'entrain de l'équidé retomba d'un coup. L'ange paraissait abattu. Il se prit à espérer qu'aucun mal nouveau ne ravageait les terres du Yin et du Yang : il aimait vivre ici, et n'avait pas vraiment envie qu'Elisha se mette en tête de repartir cavaler au secours de la veuve et de l'orphelin. Pas plus qu'il n'avait envie de subir une nouvelle attaque de Ridere, de Zombies, de météorites incandescentes ou de poux géants.
L'attitude de l'élu des cieux ne lui semblant pas propice à la discussion, Charlie dut se résoudre à ne pas utiliser la liste de sujets de conversations intéressants qu'il avait mentalement pris soin de préparer pendant le trajet. Il se contenta de saluer l'ange et repartit d'où il venait sans un mot de plus, l'autre à sa suite. Il n'était là que pour le guider, après tout, pas pour échanger avec lui des considérations stupides à propos du temps ou de la teneur en calcaire probablement des élevée des rochers qui se trouvaient sur leur chemin.

Quelques minutes plus tard, ils arrivaient à la maison. L'animal, soucieux de ne pas paraître importun, s'empressa de se retirer et laissa l'ange seul face à la porte. Il prit soin, avant de disparaître au coin de la maison, d'adresser télépathiquement quelques mots à la magicienne : dans la mesure où elle avait tendance à ne plus tellement s'habiller depuis qu'elle vivait seule, mieux valait tout de même qu'elle ne soit pas trop prise au dépourvu.

---

*T'as de la visite, Eli. *

Je pose ma pipe sur le rebord de la table basse et me redresse, l'esprit légèrement embrumé. Je jette un regard autour de moi : c'est un sacré bordel. Il y a des fringues à moitié propres étalées par terre et sur le canapé, de la vaisselle sale à peu près partout, et une couche de poussière tellement épaisse qu'elle ne va pas tarder à m'arriver aux genoux. Ça craint un peu. Enfin, c'est pas non plus comme si les gens qui me rendent habituellement visite ici avaient un sens aigu de la classe et du raffinement... Du coup, ça passe.

*C'est pas encore le vieux bizarre qu'essaie de me vendre ses poules crevées, j'espère ? * Je demande à Charlie. *Dis-lui que j'en veux pas, si c'est lui. *

*C'est pas lui. *

Je laisse échapper un soupir, vaguement soulagée. C'est vraiment chouette, de vivre isolée de toute civilisation, mais ça a quand même quelques inconvénients. Genre, le fait que mon voisin le plus proche soit un vieux péquenaud aux dents pourries, prêt à tout pour me refiler son excédent de volailles. J'ose même pas lui dire d'aller se faire mettre, parce qu'il a l'air vraiment barge et que d'ici à ce qu'il se ramène en pleine nuit avec une hache pour me faire subir le même sort qu'à ses poules, il n'y a qu'un pas.

Enfin, bref ; puisque visiblement c'est pas lui, tout va bien. Je me lève, époussette sans grande conviction les habits que je porte, et j'attrape sur le dossier d'un fauteuil un pantalon de tissu coloré que je m'empresse d'enfiler. Ouvrir en culotte, ça fait un peu mauvais genre. Quoique c'est pas tellement une histoire de genre, en fait : la vérité, c'est que j'ai pas tellement envie que le premier venu voit mon cul. Je suppose que c'est compréhensible.

J'ai à peine le temps de finir de m'habiller que déjà, on frappe. Je franchis les quelques mètres qui me séparent de la porte, en poussant au passage du pied les chaussettes sales et autres verres vides qui entravent mon chemin. Je rangerais plus tard ; je ne vais pas laisser mon mystérieux invité poireauter dehors le temps de faire le ménage – d'autant plus que ça risque de me prendre des plombes.
Lorsque j'ouvre finalement, je ne peux retenir une exclamation de surprise. J'avais espéré qu'il vienne, mais sans doute qu'à aucun moment que je n'y avais vraiment cru... Et pourtant il est là, devant moi, avec ses cheveux de princesse et ses grandes ailes. Je sens une bouffée de joie m'envahir.

-Lucain, t'es venu !

Sans plus réfléchir, je lui saute au cou. Il y a beaucoup de choses que j'aimerais lui dire, mais les mots restent coincés dans ma gorge – et c'est peut-être mieux comme ça. Sans doute qu'il sait déjà tout, de toute façon. Je souris, et reste blottie contre son torse quelques secondes supplémentaires avant de me détacher. Il y a des mois que je n'ai pas eu l'occasion de profiter d'un réel contact humain, et ça me paraît étrangement agréable. Mais ça doit être du au fait qu'il s'agit de Lucain. Si j'avais tenté la même manœuvre avec un parfait inconnu croisé dans la rue, je suppose que j'aurais vomi.
Je recule d'un pas, et rive mon regard dans celui de l'ange qui me fait face. Mon sourire disparaît, aussitôt que je remarque la tristesse qui semble habiter ses prunelles. Quelque chose cloche. Lucain est plutôt du genre 'enjoué et paisible', habituellement, et il semble aujourd'hui plus tourmenté que s'il avait été en face des parties génitales de l'impératrice démoniaque. Ça m'inquiète, parce qu'en plus d'être un très bon ami il est à peu de choses près le seul que j'ai ; alors, ça m'ennuierait vraiment qu'il aille mal.

-Tu... Ça va ? T'as l'air... Bizarre.

Je mordille nerveusement ma lèvre inférieure, les yeux toujours rivés sur le visage de l'Elu des cieux. Je ne suis pas bonne psychologue, et pas vraiment douée non plus pour montrer de la sympathie aux gens lorsqu'ils me racontent leurs problèmes – c'est pas que je m'en branle, mais à part 'la colère' 'la joie' et 'la douleur' je connais pas beaucoup d'expressions en fait. Mais c'est Lulu, alors je suis plus que disposée à faire un effort.

-Eh, si tu veux... On peut discuter de tout ça autour d'une bière. Enfin, quand je dis 'tout ça'... Ce que tu voudras, quoi.  J'ai de la bonne bière.

Je lui attrape le poignet et l'entraîne à l'intérieur, sans même prendre la peine de refermer la porte – comme ça pue un peu le chacal crevé, un peu d'air frais ne fera pas de mal.
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Lucain
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MessageSujet: Re: Vous n'êtes tous que des flans mous    Vous n'êtes tous que des flans mous  EmptyVen 19 Aoû - 15:48

Une brise légère s’immisce entre les plis de la cape de l'ange. Imprégnée de la moiteur de l'océan, elle lui arrache un frisson désagréable. Lucain ajuste la position de la broche, mais interrompt son geste lorsque le loquet de la porte commence à grincer. Elisha apparaît alors, semblable à son souvenir. Son visage s'éclaire à l'instant où leurs regards se croisent. Lucain esquisse un sourire. Quand elle lui saute au cou, il répond par une embrassade chaleureuse. Les quelques secondes que durent ce contact estompent sa tristesse. Il en vient à tout oublier, l'espace d'un instant. L'ange mesure intérieurement la valeur de ce pouvoir. Il est ému : plus qu'il ne pouvait l'anticiper.
Les retrouvailles s'achèvent. Lucain sent le regard perplexe de son amie, alors qu'elle découvre l'expression de son visage. Il peine à masquer sa tourmente. Mais quand elle lui demande ce qui ne va pas, il ne peut s'empêcher de répondre sur la réserve.
« Je t'expliquerais tout ça un peu plus tard. Ne t'inquiète pas pour moi.
Le sourire de l'ange apparaît à nouveau lorsqu'elle évoque la bière. Boire ne lui a jamais réussi, mais pourquoi pas, après tout. Il opine doucement du chef, avant de se faire entraîner à l'intérieur de la petite battisse.

Découvrant un désordre sans nom, le grand blond désespère à retenir une expression de stupéfaction mêlée d'une pointe de dégoût. Comparativement au faste ordonné du palais de la citadelle Blanche, cette cabane semble un trou à rat insalubre. Toutefois, il s’abstient pieusement de la juger estimant que, quelque part, cet intérieur reflète fort bien l'état d'esprit tourmenté décrit dans la lettre. Lui même aurait certainement sombré dans un pareil état de négligence, s'il n'avait pas été entouré de serviteur attentifs. Une pensée qui lui fit regretter sa réaction première. Quand est il devenu si snob? Il avait bien besoin de cette leçon de modestie, finalement.

Le regard azur de l'ange parcourt la pièce. Découvrant un vase vide sur une petite table, il approche doucement. Entre ses mains, un bouquet de tournesol apparaît. Des visages jaunes riant à la face du soleil : parfait pour égayer la pièce, pense t'il. De quoi remercier Elisha pour son invitation. Il prend quelques secondes pour disposer les fleurs, avant de s'en retourner à son amie.
« Comment as-tu trouvé cet endroit ? C'est effectivement très isolé.
Les mots de sa lettre lui reviennent à l'esprit. Sujet brûlant... mais comment la juger ? Lui même s'était trouvé en grand état de doute, à l'arrivée de son fils. Il ne l'avait pas demandé, ni attendu. Un choc difficile à encaisser. Fuir est tellement tentant... tellement facile. Les anges rejettent généralement la facilité au nom de la dévotion. C'est sans doute pour cela qu'il chercha, à l'époque, le réconfort auprès d'une troupe d'orisha. Elisha ne semblait faire face qu'à sa propre impuissance, sa propre culpabilité. C'était déjà beaucoup.
« J'imagine que c'est plaisant de se couper du monde.
Laisse t'il échapper, sans même s'en rendre compte. Se l'entendre dire le plonge dans une profonde perplexité. Il ferme les yeux un court instant comme si, plongé en lui même, la force d'effacer cet aveux de faiblesse s'offrira à lui.
« Il paraît que tu as de la bonne bière.
Reprend il peu après, comme pour ramener le sujet de la conversation à quelque chose de plus plaisant. Son visage s'éclaire d'un léger sourire. Il cherche Elisha des yeux, un brin de malice dans le regard.


HRP : oui j'avais oublié, mais Lucain a vraiment le pouvoir de faire apparaître des bouquets de fleur. :/
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